Côte d’Ivoire / Formation : « Après 43 ans de création, le CAMPC a fait du chemin et a contribué à l’amélioration des administrations et des organisations en Afrique »

"Le CAMPC est le numéro un en terme de formation dans le management des organisations, de la santé et des ressources humaines en Afrique"


Le Centre Africain de Management et de Perfectionnement des Cadres, CAMPC, a été créé le 16 Décembre 1975 à Kigali au Rwanda. Il compte à ce jour six Etats membres que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Niger et le Togo. 43 ans après son institution, ce centre reste méconnu du grand public. Une tendance que veut inverser son nouveau Directeur Général, Professeur Joseph Kaudjhis, en poste depuis le 20 juillet 2018. A lire dans cette interview, la stratégie qu’il envisage déployer à cet effet.

Quelles sont les missions assignées au CAMPC à sa création ?
Il y’a eu trois missions assignées au CAMPC. La première, c’est d’assurer la formation des cadres. La deuxième, consiste à faire de l’assistance conseil auprès des administrations. Et la troisième, est de développer des recherches dans le domaine du management. Trois missions qui n’ont pas véritablement évolués. Nous sommes toujours restés sur ces trois missions conformément aux statuts du CAMPC. Seulement que nous avons revu la démarche au niveau de ces différentes missions avec l’évolution et l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui occupe de plus en plus une place importante dans la démarche au niveau du CAMPC.
Quel bilan peut-on faire des activités du CAMPC, après 43 ans d’existence ?
Le bilan est positif, indépendamment de quelques difficultés connues par le centre. C’est quand même 25.000 cadres africains qui ont été formés. Ce sont 6.000 entreprises qui ont été également accompagnées dans l’élaboration de leurs plans de formations, le renforcement de capacités et des compétences de leurs agents. Mais également, dans le conseil et l’assistance. Au regard de ce bilan, on peut dire que le CAMPC a fait du chemin et a contribué à l’amélioration des administrations et des organisations en Afrique.
Comment accède-t-on au CAMPC ?
Le CAMPC est ouvert aux travailleurs ou aux personnes diplômées. L’accès se fait par demande d’admission formulée pour les programmes longs par alternance. Un comité analyse la demande pour s’assurer que le requérant dispose des diplômes requis et qu’il a satisfait à un certain nombre de formations dans son parcours. A l’issue de tout ceci, nous décidons de l’affecter au niveau indiqué pour sa formation au CAMPC. S’agissant des séminaires, il faut juste introduire la demande. Le requérant peut lui-même faire la demande ou par l’entreprise ou l’organisation. Nous encourageons les entreprises qui cotisent au FDFP à recourir à cette institution pour assurer les frais de formation de leurs agents. Pour les personnes physiques, un accompagnement boursier ou un soutien public ou para public n’est pas à exclure.
Le CAMPC est-il ouvert aux étudiants ?
Pas vraiment. Nos programmes tels qu’ils sont élaborés ne peuvent pas s’accommoder des disponibilités des étudiants. Par contre, ils peuvent suivre des séminaires de formation au CAMPC. Mais ils ne peuvent être admis aux programmes longs par alternance. Nous avons, par ailleurs, élaboré le projet « un étudiant, un travailleur » qui sera déployé dans les mois qui suivent. Ce projet vise à renforcer les capacités et les compétences des étudiants pour leurs permettre de mieux attaquer le marché de l’emploi. C’est un projet novateur. Le plus important n’est pas de créer des emplois, mais plutôt avoir des hommes qui pourront eux créer des emplois ou assurer un certain nombre de responsabilités quand ces emplois sont créés. Un autre aspect de projet est de coacher et encadrer toutes les initiatives personnelles qui vont naître à l’issue des formations que les étudiants vont recevoir. Le CAMPC viendra en support pour les orienter en matière de gestion, d’orientation, de conquête du marché et de partenariat jusqu’à réussir leurs entreprises.
Quels sont les curricula enseignés aux CAMPC ?
Le CAMPC a viré au LMD comme les institutions d’enseignement supérieur. Nous avons deux niveaux qui sont, pour le moment, ouverts à savoir la licence et le Master. Nous sommes dans le domaine du management des organisations, de la santé, de la diplomatie, du protocole et des relations internationales, du management des organisations scolaires et les ressources humaines. Nous sommes le numéro un en terme de formation dans le management des organisations, de la santé et des ressources humaines en Afrique.
Comptez-vous ouvrir des filières pour des questions technologiques ?
Nous avons des formations de courtes durées sur tout ce qui est en lien avec les NTIC. Pour l’année prochaine, un master va être ouvert en ingénierie informatique avec différents parcours à l’intérieur. Nous avons déjà intégré les TIC dans la formation. Nous disposons, à cet effet, de la formation en télé-enseignement et du e-learning.
La recherche semble être le parent pauvre du CAMPC. Qu’en est-il exactement ?
Nous avons pris des initiatives pour que la recherche reprenne sa place au cœur des activités du CAMPC. Avant d’enseigner et de former il faut faire des recherches. Ce sont les résultats de la recherche qu’on enseigne. La base c’est la recherche. Aujourd’hui, nos administrations ont leurs réalités. Les modèles qu’on nous envoie souvent sont des modèles qui proviennent d’Europe et d’autres continents, qui ne sont pas forcément adaptés. Ce que nous voulons faire, c’est d’étudier les administrations et organisations africaines, étudier le management de nos organisations et voir dans quelles mesures on peut arriver à les théoriser, à identifier à l’intérieur des modèles qu’on pourrait appliquer à l’ensemble des communautés qui sont au niveau du CAMPC. Le point de départ du développement de la recherche sera la mise en œuvre de la revue du CAMPC appelé « Management et Société ». Il sera lancé dans les prochains mois et va publier des réflexions sur le management, le leadership, sur le fonctionnement de nos administrations, sous formes d’études de cas ou des approches théoriques de nos administrations et seront par la suite évaluer par un comité de lecture, un comité scientifique international. Une fois que les réflexions sont retenues, elles vont faire l’objet de publication dans les pays membre du CAMPC et à l’échelle de l’Afrique.
Avec le CAMPC, plus besoin d’aller à l’étranger, notamment dans les pays occidentaux, pour renforcer ses capacités ?
Le CAMPC est avant tout une institution internationale. Ce statut est déjà une garantie. Il jouit d’une certaine crédibilité parce que ce sont des pays qui se sont réunis pour le créer. Ensuite le label CAMPC c’est 43 ans d’existence et il n’a jamais reçu d’égratignure. Tous ceux qui sont passés par le CAMPC savent ce que ce centre leur a apporté. Nous avons eu des retours très encourageants pour tous les cadres qui ont été formés par le passé, au nombre desquels des ministres et des présidents d’institutions.
Pourquoi le CAMPC reste méconnu du grand public à ce jour ?
Bon nombres ne savent pas que le CAMPC existe. Cela est lié au fait que pendant longtemps, le CAMPC est resté fermé sur lui-même, puisque ce sont les administrations qui venaient vers nous. Chaque année des personnes étaient désignées et venaient au CAMPC pour assurer leurs formations. Les choses ont changé aujourd’hui. C’est au CAMPC d’aller maintenant vers les administrations. Nous sommes en train de tout faire pour offrir une plus grande visibilité au CAMPC à travers tous les supports. Et que le CAMPC soit connu de tous. En un mot, c’est le renouveau du CAMPC.
Quels sont les défis auxquels vous faites face ?
Deux défis. Notre situation géographique sur l’université de Cocody ne nous est pas favorable. Car, quand il y’a des troubles sur le campus, cela affecte nos activités. Et ensuite, nous sommes confrontés à une concurrence de certains anciens du CAMPC, qui ouvrent des établissements comme le nôtre. Mais nous, nous avons le label. Ce qu’ils n’en ont pas eux forcément. Et ne peuvent pas être plus performants que ceux qui les ont enseignés.
Quelles sont les perspectives pour les prochaines années ?
Les perspectives sont contenues dans le plan stratégique 2018-2020 et s’articule autour de 5 axes à savoir : l’amélioration de la formation, des activités de conseil et de développement, du rôle du CAMPC dans la société, de la gouvernance et des finances et le renforcement de la recherche. Nous allons développer plus d’activités citoyennes pour faire en sorte que le CAMPC soit connu et reconnu. Nous allons régulièrement faire des formations gratuites à l’endroit des administrations et des diplômés. Nous demandons aux Etats membre du CAMPC, aux institutions et aux partenaires financiers de regarder ce plan stratégique et nous soutenir. Ce sont ces programmes qui vont déclencher le développement de l’Afrique. Le CAMPC va y jouer un grand rôle. Nous sommes confiants pour l’avenir.

Interview réalisée par LAWANI Babatundé
 

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