Afrique / Energie : « Le crédo de la CAFELEC, électrifier l’Afrique par les africains »

Prise de vue au stand de la FENELEC au Salon Elec Expo Abidjan le 10 Mai au Sofitel Hôtel Ivoire

Du 9 au 11 mai dernier s’est tenue au Sofitel Hôtel Ivoire Abidjan, la première édition du Salon itinérant sur l’électricité en Afrique, Elec Expo Abidjan. Un salon organisé conjointement par la Confédération Africaine d’Electricité, CAFELEC et l’Association Patronale des Entreprises du Secteur de l’Electricité de Côte d’Ivoire, APESELCI. Khalil El Guermai, Secrétaire Général permanent de la CAFELEC et Directeur Général de la Fédération Nationale de l’Electricité, de l’Electronique et des Energies Renouvelables du Maroc situe les enjeux de cette rencontre et les perspectives du secteur de l’électricité en Afrique. 


Afrik-une : Pourquoi organisez-vous un salon sur l’électricité ?

La CAFELEC est un conglomérat qui regroupe une quinzaine de pays africains et qui regroupe pour ces pays chaque association nationale du secteur de l’électricité. Aujourd’hui, ces associations sont mûres et ont un savoir-faire à présenter pour l’Afrique tout d’abord mais pour le monde entier ensuite. C’est pour cela que l’idée a germé d’organiser un salon continental qui se voudra, dans deux ou trois ans, international.

A-u : Quel est l’état des lieux de la couverture électrique en Afrique ?   
   
Il y’a des pays qui sont totalement électrifiés notamment l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud. Nous avons également des pays moyennement électrifiés et nous en avons aussi, malheureusement, qui connaissent un taux d’électrification très bas et qui frôle 10 à 15%. C’est dire que ces pays-là ne profitent pas d’un levier de développement important pour le bien-être des citoyens qui est l’électricité. Sans électricité, le pays ne peut pas se développer, ni économiquement, ni socialement. Nous déplorons cette situation. Et le crédo de la CAFELEC, c’est d’électrifier l’Afrique par des africains. Cela, par le savoir-faire en matière de fabrication de produits électriques et par l’installation de ces produits. L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique.

A-u : Peut-on avoir un pourcentage des personnes qui n’ont toujours pas accès à l’électricité en Afrique ?

Les ¾ des africains ne bénéficient pas d’une bonne électricité. Ils peuvent avoir un branchement sur une heure ou deux par jour avec une mauvaise électricité. C’est un taux qui est très alarmant. Il faut vraiment se fixer comme objectif, dans les 15 années à venir, d’électrifier l’Afrique.

A-u : Quelles sont vos solutions pour électrifier l’Afrique ?

La solution, c’est que nous avons deux modèles d’électrification en Afrique qui n’ont pas encore montrés leurs limites. Il faut vraiment étudier ces deux modèles d’électrification et pour les pays qui le souhaitent, les prendre afin d’électrifier les contrées les plus lointaines.

A-u : C’est quoi ces deux modèles d’électrification ?

Je peux parler d’un modèle que je connais très bien. C’est le Programme d’Electrification Rural Global (PERG) que le Maroc a adopté. Et le Maroc est aujourd’hui électrifié à 99,97%. Autrement dire à 100%. C’est un modèle avec des produits de très bonnes qualités, bien installés avec les standards les plus exigeants dans le monde et surtout avec un coût très bas. Et c’est ce modèle que le Maroc essaie de présenter.

A-u : Malgré, ses diverses sources d’énergies renouvelables (le soleil, l’eau, le vent…) l’Afrique est un l’un des continent les moins électrifiés au monde. Quelle réaction cela suscite en vous ?

Je pense que la raison trouve son origine dans le coût initial de mise en place des énergies renouvelables. Si les pays travaillent, la main dans la main, pour le bien des citoyens, nous sommes persuadés qu’au bout de 10 ou maximum 15 ans, nous pouvons amortir les frais de départ. Les investissements seront amortis et nous aurons l’énergie gratuitement au bout de 15 ans.

A-u : Quelles sont les actions de la CAFELEC pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables ?

Aujourd’hui la CAFELEC milite pour une seule chose. C’est d’offrir l’électricité aux africains peu importe le modèle et le type d’énergie, énergie renouvelable ou conventionnelle.

A-u : La CAFELEC compte actuellement 15 pays en Afrique sur 54. Elle a encore un énorme défi à relever pour couvrir tout le continent ?

Aujourd’hui nous avons tenu le conseil d’administration de la CAFELEC et nous avons enregistré l’arrivée de trois nouveaux pays. C’est dire qu’il y’a eu une carence de communication de la part de la CAFELEC. Peut-être une erreur de jeunesse. Nous sommes en train d’y remédier. Ne serais ce que sur salon. Un salon africain, qui n’appartient à aucun pays, mais à l’ensemble du continent. Nous avons regroupé 19 pays au sein de ce salon dont 13 africains, 1 asiatique et 5 européens.

A-u : Avec le Maroc comme le leader de toute cette initiative ?

Le Maroc a besoin aussi d’apprendre beaucoup sur l’Afrique. Il a besoin d’apprendre beaucoup sur les africains notamment de l’Afrique subsaharienne. C’est pour cela que le modèle marocain s’appuie sur un échange d’égale à égale, équitable et gagnant-gagnant. Sans ce modèle, nous ne pouvons pas avancer.  Ce n’est pas pour vendre nos produits que nous sommes là. Les marocains sont venus pour présenter leur modèle. C’est un modèle réussi. Les autres pays doivent le comprendre et suivre les meilleures pratiques.

A-u : Où va se tenir le prochain Salon Elec Expo en 2019 ?

Nous avons deux candidatures. Celles du Maroc et du Togo. Ils vont concourir tous les deux. Nous aurons les résultats en Octobre prochain lors du salon marocain sur l’électricité à Casablanca. Les africains ont beaucoup de chose à apprendre les uns des autres. Essayons de nous rapprocher d’avantage. Nous avons assez de technicités, assez de savoir-faire, assez de jalousie pour nos pays respectifs et pour notre continent. Je suis persuadé que nous avons un modèle déjà de nos politiques à suivre pour réussir l’électrification de notre continent.

Interview réalisée par LAWANI Babatundé



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Côte d’Ivoire / Entreprise : Ahmed Cissé, PCA de Moov-CI, élevé au grade de commandeur de l’ordre national

Côte d’Ivoire / Sécurité : Asepro 225 forme ses entreprises partenaires sur la gestion de crise

Côte d’Ivoire / Société : Le FONSI-CLIMAT veut promouvoir l’éducation environnementale